BOM (Bill of Materiels)
Imaginez une recette de cuisine : pour réussir un gâteau, vous avez besoin d’une liste précise d’ingrédients et de leurs quantités. Dans l’industrie, le BOM (Bill of Materials) joue exactement ce rôle en consignant de manière exhaustive toutes les matières premières, composants et instructions nécessaires à la fabrication d’un produit.
Dans les PME industrielles, souvent contraintes par des processus encore manuels (fichiers Excel, mises à jour locales), digitaliser le BOM est un levier décisif de transformation numérique. Un BOM numérique, intégré à votre ERP ou à un système PLM, centralise l’information, automatise les mises à jour et garantit que chaque équipe travaille sur une version unique et à jour du document.
Le BOM digitalisé devient la colonne vertébrale qui relie conception, achats, production et maintenance, et permet de :
- Maîtriser les coûts : En budgétisant précisément chaque composant et en identifiant rapidement les opportunités d’optimisation (substitutions, achats groupés), vous limitez les dérives budgétaires et améliorez votre retour sur investissement.
- Assurer la qualité et la conformité : En vous appuyant sur une source unique et structurée, vous vérifiez en permanence que le produit fini correspond aux spécifications et vous réduisez les non-conformités et les retours clients.
- Renforcer la coordination et la réactivité : Grâce à une nomenclature partagée et évolutive, toute modification — qu’elle vienne du bureau d’études, du service achats ou de la production — est immédiatement visible et vous permet d’ajuster vos plannings sans perte d’information.
La BOM, c’est quoi concrètement ?
Définition d’une nomenclature de fabrication
La BOM, ou nomenclature de fabrication, est la liste détaillée et structurée de tout ce dont vous avez besoin pour fabriquer un produit : matières premières, sous-ensembles, pièces détachées, quantités exactes et instructions d’assemblage. C’est votre “plan de vol” pour transformer une idée en produit fini, sans oublier le moindre boulon ou paramètre technique.
Origine des BOM
Tout a commencé dans les années 60, quand les usines ont cherché à remplacer leurs gros classeurs papier par des systèmes informatiques. IBM a lancé les premiers processeurs de nomenclature, posant les bases des bases de données BOM d’aujourd’hui. Depuis, le concept n’a cessé d’évoluer pour intégrer le suivi en temps réel, la traçabilité et l’automatisation.
Où et comment utilise-t-on des nomenclatures ?
Industrie manufacturière
De l’automobile à l’aéronautique, la BOM pilote les commandes de pièces et les ordres de fabrication dans l’ERP.
Électronique
Sur une carte électronique, elle recense chaque composant (résistances, microcontrôleurs, connecteurs) et garantit la bonne version logicielle ou PCB.
Logiciel (SBOM)
Adaptée au monde du code, la Software BOM liste toutes les bibliothèques et dépendances d’une application, un atout majeur pour la sécurité et la conformité.
Objectifs et avantages d’une nomenclature
Une production sans accroc, de coûts maîtrisés et d’une qualité irréprochable passe par une nomenclature parfaitement structurée.
Anticiper et gérer vos stocks
Une nomenclature bien conçue vous permet de visualiser immédiatement les besoins en matières premières et composants, au jour le jour. En listant chaque élément avec sa quantité et son délai d’approvisionnement, vous :
- Évitez les ruptures qui bloquent la production
- Limitez le surstockage et les immobilisations financières
- Synchronisez vos commandes fournisseurs avec votre planning de fabrication
Piloter votre budget sans surprise
Avec un BOM chiffré et à jour, chaque composant se transforme en ligne de coût. Vous pouvez :
- Calculer le coût total de revient avant même de lancer la production
- Identifier les pièces coûteuses et tester des alternatives moins onéreuses
- Ajuster rapidement vos tarifs de vente ou vos marges en cas de fluctuation des prix matières
Garantir qualité et traçabilité
La nomenclature sert de référentiel unique pour toute votre chaîne :
- Chaque lot de composants est suivi jusqu’au produit fini
- Les indices de révision et numéros de série sont consignés pour retrouver l’origine d’un défaut
- Vous réduisez les erreurs de montage grâce à des instructions claires et centralisées
Fluidifier et optimiser la production
Le BOM est l’outil-clé du lean manufacturing :
- En identifiant les goulots d’étranglement, vous rééquilibrez vos flux
- Vous réduisez les temps morts et les tâches sans valeur ajoutée
- L’intégration de votre nomenclature à un ERP/PLM automatise les ordres de travail, accélère les boucles de validation et libère vos équipes pour l’amélioration continue
Structure et composition d’une nomenclature
Avant de créer votre nomenclature, il faut d’abord en comprendre l’organisation. Imaginez une architecture d’immeuble : fondations, étages, logements, jusqu’aux finitions. De la même façon, votre BOM se construit par paliers, du produit fini jusqu’aux petites pièces.
Hiérarchie et niveaux
Votre BOM démarre au niveau 0, avec le produit en entier (ex. : « Machine Alpha »).
Ensuite, chaque niveau 1 décrit les sous-ensembles majeurs (châssis, moteur, carte électronique), et vous descendez progressivement jusqu’aux niveaux 2, 3…n, où apparaissent vis, joints, capteurs, etc. Cette segmentation vous aide à cibler un segment de production sans vous noyer dans les détails.
Single-level vs Multi-level
- Single-level : une liste plate et rapide à lire, mais qui perd la vue sur l’emboîtement des sous-ensembles.
- Multi-level : vue arborescente complète, idéale pour réutiliser un sous-ensemble dans plusieurs produits et pour suivre précisément chaque étape de l’assemblage.
Explosion et implosion
- Exploser la BOM pour dérouler tous les composants à partir du produit fini. Parfait pour estimer rapidement les besoins en pièces.
- Imploser la BOM pour remonter, à partir d’une pièce, tous les produits qui l’intègrent. Utile quand un fournisseur signale une rupture ou un changement de version.
Comment choisir le bon type de nomenclature ?
Tous les projets ne se ressemblent pas ; votre BOM doit s’adapter à votre métier et à vos objectifs. Voici les principaux formats à connaître :
EBOM (Engineering BOM)
C’est la « version bureau d’études » : elle suit la logique de conception CAO, décrit ce que vous voulez fabriquer avant toute contrainte industrielle.
MBOM (Manufacturing BOM)
Pensée pour l’atelier, elle inclut les postes de travail, outils et processus de montage, ainsi que l’emballage. C’est votre référence pour piloter l’ERP/MRP.
SBOM (Sales/Service BOM)
Destinée aux commerciaux et au SAV, elle présente les configurations, kits de pièces détachées et services disponibles pour chaque produit.
CBOM (Configurable BOM) et variantes
- CBOM : pour les produits à options (couleurs, dimensions, accessoires) – un configurateur génère la BOM finale selon la demande client.
- Template BOM : un squelette réutilisable qui accélère la création de nouvelles nomenclatures.
- Software BOM : dans le logiciel, liste toutes les librairies et dépendances – essentiel pour la sécurité et la conformité.
Structurer une nomenclature qui fait la différence
Une nomenclature n’est pas seulement un inventaire : c’est un document vivant qui doit rester clair, complet et facile à mettre à jour. Voici comment faire :
Identifier chaque pièce
Choisissez un système de codification cohérent :
- Codes intelligents (ex. : ENG-CHÂSSIS-001) pour lire la famille et la fonction d’un coup d’œil.
- Codes arbitraires (séquences numériques) plus neutres mais à accompagner d’un index soigné.
Préciser quantités et métriques
- Indiquez toujours la quantité exacte, sans abréviation.
- Harmonisez les unités (kg, mm, pièce), évitez les mélanges.
- Ajoutez fiches techniques et tolérances pour réduire les allers-retours avec l’atelier.
Gérer fournisseurs et cycle de vie
- Renseignez la référence principale et au moins une alternative approuvée.
- Notez la phase de vie (prototype, production, fin de vie) pour anticiper toute obsolescence.
Insérer commentaires et priorités
- Ajoutez des notes de montage (ordre d’assemblage, couple de serrage).
- Utilisez un code de priorité (P1, P2…) pour guider vos achats et la planification.
- Intégrez les retours terrain : conseils et points de vigilance issus des opérateurs.
En combinant ces bonnes pratiques, votre BOM devient un outil puissant : simple à consulter, solide face aux changements et capable de vous accompagner dans chaque étape de la transformation digitale de votre PME.
Bonnes pratiques de création et de gestion
Pour que votre BOM soit un véritable atout et non un simple document stocké dans un coin, il faut la bâtir et la piloter avec rigueur. Voici comment mettre toutes les chances de votre côté.
Les 3 étapes clés de la création
Avant de remplir votre nomenclature, suivez ce triptyque :
- Définir la structure produitCommencez par modéliser votre produit fini et ses grands blocs : châssis, moteur, électronique… Cette vue macro sert de socle à toute la suite.
- Inventorier chaque composantPour chaque sous-ensemble, listez précisément les pièces : vis, roulements, puces, joints, etc. N’omettez rien : c’est ici que se jouent la cohérence et la pérennité de votre BOM.
- Rédiger les spécificationsAjoutez aux composants leurs caractéristiques techniques : matériau, tolérance, traitement de surface, dimensions critiques. Plus vos specs sont claires, moins vous ouvrirez la porte aux erreurs d’interprétation.
Astuce : construisez ces étapes dans un environnement collaboratif (Excel partagé, outil PLM) pour éviter les versions multiples.
Structurer avec méthode
Une fois les éléments listés, organisez-les pour qu’ils soient immédiatement compréhensibles et réutilisables.
- Hiérarchie solideClassez vos éléments par niveaux (0 à n) et regroupez-les logiquement : mécanique, électrique, hydraulique…
- Nommage clairPrivilégiez des libellés explicites : « CAPTEUR_TEMP_100°C » est plus parlant que « CPT-001 ».
- Numéros uniquesChaque référence doit être univoque. Évitez de réassigner un code, même lorsque la pièce évolue ; créez une nouvelle entrée avec son historique.
- Unités standardiséesChoisissez une seule convention (mm, kg, litre) et appliquez-la partout : fini les confusions entre millimètres et centimètres.
Mettre à jour et gérer les modifications
Une BOM figée se transforme vite en bombe à retardement. Mettez en place un vrai workflow :
- Demande de changement (ECO) : Centralisez toute requête (ingénierie, achats, production) via un formulaire unique.
- Validation multi-acteurs : Associez systématiquement bureaux d’études, qualité et atelier pour valider chaque modification.
- Publication et archivage : Une fois validée, diffusez la nouvelle version et archivez l’ancienne. Chaque mise à jour doit être tracée (date, auteur, raison).
Sans ce processus, vous risquez de monter des machines avec d’anciennes pièces ou de créer des ruptures de stock imprévues.
Communiquer et réviser régulièrement
La BOM vit par l’échange : réunions et retours d’expérience sont vos meilleurs alliés.
- Points hebdomadaires : En début de semaine, passez en revue les écarts (ruptures, délais, incidents qualité) et ajustez la BOM si besoin.
- Ateliers inter-équipes : Organisez des sessions courtes entre R&D, achats et production pour partager les retours du terrain et optimiser la structure.
- Revue trimestrielle : Auditez votre nomenclature : supprimez les pièces obsolètes, ajoutez les alternatives validées et vérifiez la conformité des spécifications.
Pilotez votre BOM avec les bons outils
Pour transformer votre nomenclature en véritable moteur de performance, il vous faut un écosystème logiciel robuste. ERP, PLM, WMS ou MES : chaque outil joue un rôle complémentaire. Mais pour les PME industrielles en pleine transformation digitale, c’est l’ERP qui reste le cœur du dispositif.
Quel outil utiliser ?
ERP industriel (Enterprise Resource Planning)
Véritable colonne vertébrale, l’ERP industriel consolide votre nomenclature, vos stocks, vos ordres de fabrication et vos achats en un seul endroit. Il synchronise données et processus, élimine les ressaisies et offre une vision 360° de votre production.
PLM (Product Lifecycle Management)
Spécialisé dans la gestion de la conception et des données techniques, le PLM prend en charge les fichiers CAO, les versions de produits et les workflows de validation (ECO). C’est l’outil de prédilection du bureau d’études.
WMS (Warehouse Management System)
Au sol, le WMS optimise le stockage, la préparation de commandes et la traçabilité logistique. Il communique en temps réel avec l’ERP pour garantir que la quantité de composants affichée est toujours fiable.
Article connexe : ERP vs WMS : Comprendre les différences
MES (Manufacturing Execution System)
Sur le plancher, le MES orchestre les opérations d’atelier : lancement d’OF, suivi des temps machine, collecte des données de production. Il remonte immédiatement les écarts vers l’ERP/PLM.
API & intégrations
Pour fluidifier ces échanges, les API sont indispensables : elles relient ERP, PLM, WMS et MES, automatisent la mise à jour des nomenclatures et propagent instantanément chaque modification aux bonnes équipes.
Odoo : l’ERP industriel taillé pour les PME
Nous recommandons Odoo pour sa modularité, son coût maîtrisé et son intégration native des fonctions de gestion de nomenclature :
- Module Inventaire & MRP : Gestion des nomenclatures multi-niveaux, calcul automatique des besoins nets (MRP), génération des ordres de fabrication et suivi des stocks en temps réel.
- Interface intuitive : Écrans clairs, glisser-déposer, filtres dynamiques : vos opérateurs et acheteurs gagnent en rapidité et en autonomie.
- Open-source et API ouvertes : Vous adaptez chaque flux à votre organisation, développez des ponts vers votre PLM ou votre WMS, et pilotez tout depuis une seule base de données.
- Coût total de possession réduit : Licence communautaire gratuite, modules payants “à la carte” et mise en œuvre rapide grâce à notre expertise sectorielle.
Odoo concentre l’essentiel des fonctionnalités ERP, PLM et WMS dans une suite unifiée, idéale pour les PME qui cherchent à digitaliser leur chaîne de valeur sans exploser leur budget.
En savoir plus sur notre agence Odoo
Vers une nomenclature sans faille
Avant de clore cet article, prenons un instant pour regarder vers l’avenir – et constater les pièges à éviter !
Défis et écueils
Malgré tous vos efforts, votre BOM peut vite devenir un point de blocage si elle reste trop rigide ou mal renseignée.
- Un simple oubli de spécification ou une faute de frappe dans le code pièce, et votre atelier s’arrête faute de la bonne pièce.
- BOM statique vs BOM dynamique : une nomenclature figée, isolée dans un fichier Excel, ne suit pas les changements de design, de stock ou de processus. Sans intégration réelle à vos systèmes, chaque update devient un calvaire. Odoo est la solution parfaite pour cela.
- Sans workflow clair, les équipes continuent de travailler sur de vieilles versions, et vous vous exposez à des ruptures de stock ou à l’assemblage de pièces obsolètes.
L’écosystème BOM évolue vite – voici ce qui vous attend :
- SBOM pour la cybersécurité logicielle : demain, chaque application industrielle devra justifier la provenance et la version de ses composants logiciels pour se prémunir des failles.
- BOM digital & jumeau numérique : votre nomenclature va s’incarner dans un modèle virtuel 3D, synchronisé en temps réel avec l’atelier, pour simuler vos flux, déceler les goulots d’étranglement et optimiser chaque milliseconde.
- Configurateurs et produits à variantes : les usines du futur devront gérer des gammes ultra-flexibles. Les moteurs de configuration généreront automatiquement la BOM sur-mesure pour chaque commande client, sans ressaisie.
La nomenclature n’est pas un simple tableau : c’est le pilier de votre performance industrielle. Nous avons vu comment :
- Structurer, nommer et hiérarchiser vos composants pour une clarté instantanée.
- Mettre en place des workflows rigoureux de création et de mise à jour pour éviter les erreurs et les ruptures.
- Choisir les bons outils, avec Odoo en fer de lance, pour automatiser, collaborer et piloter en temps réel.
Vous voilà armé pour transformer votre nomenclature en véritable atout : finies les usines à Excel, place à la production agile, sûre et économiquement optimisée. Adoptez dès aujourd’hui ces bonnes pratiques et équipes-vous des solutions digitales adaptées : votre PME y gagnera en réactivité, en qualité et en compétitivité pour accompagner votre croissance sur le long terme.